９月１日更新：台風の影響でこのイベントは延期されました。申し訳ございません。

（En français ci-dessous)

「難民キャンプで生きる：マリのトゥアレグ族」

難民キャンプと言うのはどういうところかしら？　
多くの人たちには、木の棒を柱、布を屋根にしたテントの下で暮らす人たちのイメージが多いと思うが、実は世界で難民生活を送っている平均期間は17年である。
私が７月に訪れたモーリタニアのMBERRA難民キャンプでは、12年間住んでいる難民がたくさんいた。市場、学校、病院など全ての設備が揃っている難民キャンプはまるで町のようだった。そこに 住む約13万人のトゥアレグ族やプル族はどういう人たちなのか。どうして故郷をおいて逃げたのか。どんな生活を送って、どんな希望を持っているのか。難民キャンプで撮った写真を流しながら、世界に忘れられた戦争のことを話したいと思う。

イベントの最後に、サハラ・エリキの「ラクダ乗りキャラバン」の紹介も！マリのサハラは戦争であれば、アルジェリアのサハラには毎年多くの観光客が訪れる平和のオアシスである。同じトゥアレグ族だが、ニジェール、アルジェリアやマリによってまったく違うリアリティーに直面していることを改めて説明したいと思う。トゥアレグ族と一緒にサハラを横断する旅を経験したい方々はチャンスを見逃さないでください！観光シーズンはパリからジャネットの直行便に合わせて１０月末からスタート（次の出発を参照）。

TUAREG IN EXILE

2024 9.08（日）
OPEN/START 15:30/16:00
CHARGE ¥1500＋1drink

Hako Gallery 東京都渋谷区西原3丁目1-4. TEL.03-5453-5321
予約は　hako@ai.wakwak.com　　

以下は東京新聞の特別報道部の太田理英子さんが書いてくださった記事です。そこで紹介されているのはMBERRA難民キャンプではなく、最近マリ国境沿いにできた臨時キャンプです。

Tokyo shinbun web : https://www.tokyo-np.co.jp/article/349509?rct=tokuhou

En juillet dernier, j’ai eu la chance de pouvoir pénétrer dans le camp de réfugiés de Mberra qui est difficilement accessible aux journalistes. Ce camp mauritanien créé en 91 puis 2012 à la frontière du Mali abrite plus de 130 000 réfugiés touaregs, arabes et peuls de l’Azawad. J’ai pu récolter les témoignages sur les exactions en cours dans le centre et le nord du Mali où sont présents l’armée malienne et Ies mercenaires Wagner. Il s’agit de crimes contre l’humanité qui doivent être dénoncés et jugés de toute urgence. Dans l’immédiat, le Tokyo shinbun, le quotidien japonais connu pour son engagement dans les causes humanitaires, a publié un article que j’ai traduit ci-dessous. J’organise par ailleurs une conférence sur le camp de réfugiés de Mberra à Tokyo le 8 septembre prochain. Je précise que la situation sécuritaire au Mali n’a absolument rien à voir avec l’Algérie! La saison touristique avec les vols charters entre Paris et l’oasis de Djanet par le Point Afrique commence comme d’habitude à la Toussaint. Nous espérons de tout coeur que vous puissiez faire l’expérience du désert avec les touaregs qui ont tant à nous apprendre.

Tokyo Shinbun, 25 aout 2024

Une journaliste de terrain lance un SOS à la communauté internationale “La situation au Mali n’est pas moins grave que ce qui se passe en Ukraine ou a Gaza”

“Au Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest dirigé par un régime militaire, des centaines de milliers de personnes appartenant à des minorités ethniques ont fui vers la Mauritanie voisine, où elles vivent dans des conditions extrêmement difficiles. En arrière-plan, l’intensification des conflits suite à l’avancée de la société militaire privée russe, ‘Wagner’. Nous avons interrogé Alissa Descotes Toyosaki, une journaliste qui documente le peuple touareg depuis de nombreuses années et revient du terrain” (par Rieko Ota)

Sous un soleil brûlant de 50 degrés et sans aide internationale

De père français et de mère japonaise, Alissa Descotes-Toyosaki a découvert le Sahara en 1997 et n’a pas cessé depuis de documenter le peuple touareg à travers des reportages ou des documentaires sur le commerce caravanier. “A présent il y a un nettoyage ethnique en cours” dénonce t-elle.

En juillet, elle est partie dans des camps de réfugiés situés près de la frontière ou les gens n’ont comme abri que des pagnes attachés a des bouts de bois. Depuis octobre 2023, environ 120 000 personnes issues de minorité ethniques comme les touaregs auraient fui le nord du Mali, dont 80% de femmes et d’enfants.

Mis à part Médecin sans frontières, ces réfugiés ne bénéficient pas de l’aide internationale. Dans le Sahara, la chaleur peut atteindre 50 degrés. “Les conditions sanitaires sont mauvaises et les épidémies augmentent”

Avec l’avancée de Wagner, la situation empire

Les touaregs sont un peuple de nomades qui vivent dans le Sahara sur plusieurs pays comme le Niger ou le Mali mais depuis les indépendances des Etats africains dans les années 50-60, les touaregs du Mali ont commencé a subir l’oppression de l’Etat et se sont révoltés pour revendiquer leur territoire. En 2012, ils ont proclame leur indépendance mais ont été doublés par les groupes djihadistes qui voulaient étendre leur influence et semer le chaos. Cette situation complexe a empiré avec l’arrivée au pouvoir de la junte en 2021. Alors que l’armée française se retire, l’Etat malien se rapproche de la Russie. Avec Wagner, se développent l’aide militaire et la manipulation de l’information. En 2023, l’armée malienne et Wagner attaquent la région stratégique des touaregs sous couvert de “lutte anti-terroriste”. Pendant que le conflit armé se poursuit, les touaregs et les peuls, qui font aussi partie de la minorité ethnique, fuient vers les pays limitrophes.

Ce que vise la Russie en Afrique

Depuis 2017, Wagner était déjà connu dans plusieurs pays d’Afrique pour son appui militaire aux gouvernements en place, son ingérence dans les élections ou dans les prospections minières. Mais en 2023, l’organisation est démantelée. Elle prend comme nouveau nom “Africa Corps” et renforce ses activités antérieures sous l’égide du gouvernement russe. Les supplétifs de l’armée malienne sont aussi des Africa Corps. Alors que la Russie s’oppose a l’Occident depuis l’invasion de l’Ukraine, quel peut être son objectif en Afrique?

Selon Amane Kobayashi du centre de recherche énergétique et économique au Moyen-Orient (JIME-IEE), “La Russie cherche a exploiter comme source de revenus les intérêts que Wagner a développé avec les gouvernements locaux tout en réduisant l’influence des Nations Unies et de l’Occident”.

Des massacres d’une cruauté inédite

En plus des attaques menées par les forces gouvernementales et Africa Corps, les habitants sont menacés par le terrorisme des groupes extrémistes. Alissa Descotes-Toyosaki parle “de massacres d’une cruauté inédite”. Une femme touaregue d’environ 50 ans témoigne d’exactions ou les gens sont découpés en morceau, d’autres sont jetés vivants dans les puits. “Les gens ont même peur de fuir à cause de l’armée malienne et ses supplétifs qui patrouillent le long de la frontière”.

Selon Alissa Descotes-Toyosaki, cette situation de crise n’est pas relayée par la communauté internationale car les journalistes ne peuvent pas aller sur le terrain. “Ce qui se passe au Mali n’est pas moins grave que ce qui se passe en Ukraine ou a Gaza. L’opinion publique doit être informée sur ces massacres” .

Version en ligne : https://www.tokyo-np.co.jp/article/349509?rct=tokuhou

Note : Les photos des réfugiés ont ete prises dans le camp de Bagdadji, Mauritanie, sauf celle avec moi et Alfaki Ag Medqui qui a été prise par mon collegue Walid au camp de Mberra

Merci au Tokyo Shinbun !